
Alex Somervell
Traduction: Nina Raynaud
Porto Alegre, Le 2 juin 2014. Dès que le soleil s’efface derrière le lac Guaiba à Porto Alegre l’insecurité gagne la ville, ce qui est le cas dans tout le pays. Bien que Porto Alegre soit considérée comme une ville relativement sûre, tout du moins en comparaison avec le reste du Brésil, on y dénombre cependant plus de 57.000 vols pour l’année 2012 (1). Cela représente plus de 150 vols par jour pour une ville de seulement 1,5 million d’habitants. 102 vols par jour pour New York City, avec une population de 8,3 millions d’habitants (2). Les parcs sont considérés comme les zones les plus dangereuses du fait de leur obscurité ils sont, la nuit, un repère privilégié pour les voleurs.
L’occupation des espaces verts rend aux habitants les lieux publics leur ayant été confisqués par la crainte de la criminalité. Ce mouvement a permis de rassembler familles et amis dans différents parcs de la ville afin de partager des collations réalisées par des chefs locaux et de faire don de vêtements pour les personnes en difficulté.

Cependant, le 21 juin 2014 aux alentours de minuit, premier jour de l’hiver, et par une température n’excédant pas les 10°C, plus de 2.500 personnes ont occupé le parc de Moinhos de Vento dans le but de reprendre le contrôle de leur liberté, leur sécurité et de leurs espaces publics.
Ce qui fait de cette initiative quelque chose d’unique c’est qu’en plus de créer un environnement sûr pour tous, dans un lieu habituellement dangereux, elle a permis de faire découvrir une sélection de collations préparées par des chefs locaux. Ce samedi, ils étaient plus de 20, vendant des wrap au pastrami, pommes de terre grillées, herbes et moutarde ou bien des crumble de fruits, … Toutes ses collations étaient accessibles, au prix, relativement raisonnable, d’environ 10 reais, soit 3,30€. Ainsi, les chefs ont à la fois rendu un service à la communauté et ont pu faire découvrir leur cuisine à un grand nombre de personnes.

L’idée derrière cela était de « s’amuser dans un lieu public oublié, et abandonné la nuit du fait du manque de sécurité, en plus de réunir les gens autour d’une cuisine délicieuse. » déclare l’organisatrice Sigrid Dierecks.
L’ensemble de l’équipe à l’origine de l’évènement a sans aucun doute atteint le but espéré, et l’a même surpassé. Au cours de l’édition précédente, elle a réussi à récolter pas moins de 2,5 tonnes de vêtements pour le Projeto Vò Chica, dont le but est de venir en aide aux habitants des zones défavorisées de la ville en demandant à chacun de faire don de vêtements.
